samedi 2 février 2013

Antoni Tàpies





 Si on aime l'art contemporain, on ne peut pas ne pas s'intéresser à Antoni Tàpies, l'un des derniers "grands" du XXe siècle. Il nous a quitté il y a un an le 6 février 2012.


"Tàpies naît à Barcelone en 1923, au sein d'une famille petite-bourgeoise, lettrée et farouchement attachée à l'identité catalane. Enfant, une faiblesse pulmonaire l'oblige à vivre reclus dans des sanatoriums ou la maison familiale. Il ne cesse alors de lire et de peindre, produisant frénétiquement des copies de
Van Gogh. Un autodidacte qui deviendra l'héritier génial de cette première avant-garde catalane portée par Miró, Dalí ou Picasso.

D'emblée, explique Jean-Luc Chalumeau dans la monographie qu'il lui a consacrée, Tàpies rejette la peinture tirée du réalisme socialiste aussi bien que "l'académisme abstrait". "Bien que fortement politisé lui-même à cette époque (homme de gauche, il a été un opposant farouche à la dictature franquiste, NDLR), il détestait instinctivement l'esthétique stalinienne, (et) haïssait plus encore le pseudo-apolitisme de l'académisme abstrait qui s'offrait alors comme alternative à l'art dit progressiste". Son oeuvre à lui se construira "entre ces deux écueils", également détestés".

Il introduit rapidement dans ses toiles des matériaux "pauvres" et des objets de récupération : des planches grossières, de la boue, des fils électriques, des chaussettes usées, des morceaux de drap. Il y impose, aussi, des fragments d'écriture, des tracés proches des caractères de la calligraphie chinoise ou japonaise, des croix. "Matiériste" donc, mais dans l'exploration incessante de l'épaisseur expressive du matériau, Tàpies a mieux que quiconque appréhendé, souligne Manuel Borja-Villel, la "nature matérielle du langage". Cette exploration a, sans doute, une dimension quasi mystique. "Je fais partie de ceux pour qui le transcendant est dans l'immanent, expliquait le peintre à une journaliste d'El Mundo il y a quelques années. Le cosmos, c'est nous, moi, cette table, ce tableau... Lorsque je parle du cosmos, je me réfère toujours à ce cosmos proche. Le reste est divagation. Du reste, nous ne savons rien."

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire